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Économie

Que gagne Volvo en endossant les risques du mode autonome?

Volvo a récemment déclaré qu'ils endosseraient l'entière responsabilité d'un accident si leur système de conduite autonome "Autopilot" en était à l'origine. L'annonce a jeté un pavé dans la mare et devrait légèrement calmer le débat houleux des problèmes de responsabilité, qui implique à la fois les constructeurs, les compagnies d'assurance et les conducteurs. Cependant, cette annonce pourrait venir bouleverser toute l'économie gravitant autour de l'automobile telle qu'on la connait. En acceptant cette entière responsabilité, le fabricant de voitures doit supporter tous les éventuels accidents liés au mauvais fonctionnement du système de conduite autonome, mais aussi tous les autres accidents qui peuvent survenir pendant que ce mode autonome est actif. Certains accidents ne peuvent pas être évités: Des piétons, des animaux, voire même des objets lors d’intempéries peuvent soudainement apparaître sur la route et faire aboutir à une inévitable collision. On peut également citer les défauts de la chaussée, certaines conditions météorologiques, ainsi que certains comportements imprévisibles des autres usagers de la route. Tous ces facteurs peuvent engendrer des accidents que même le meilleur des logiciels autonomes ne pourrait anticiper.

Par conséquent, la communication de Volvo sur cette prise en charge complète de la responsabilité contient à la fois une promesse au sujet de la qualité du logiciel (fiabilité, sécurité) et un élément d'assurance: Pour ne pas égratigner sa marge et rester rentable, Volvo doit donc ajouter au prix de vente de ses modèles le coût du risque que le mode de conduite autonome engendre, sur toute la durée de vie de la voiture. L'inconvénient est donc que le prix de leurs automobiles risque d'augmenter. L'autre solution de Volvo consisterait à reproduire le fonctionnement des assurances traditionnelles pour l'appliquer à leur mode de conduite autonome. Cette éventualité présente des avantages indéniables, Volvo pourrait gérer les risques avec plus de flexibilité, notamment grâce à la déclaration des kilomètres parcourus par ans, ou à la zone de circulation prévue du véhicule (zone péri-urbaine, centre-ville, campagne). Il est cependant fortement probable que les assurances se mobilisent contre cette dernière hypothèse.

Accepter la pleine responsabilité de tous les accidents en mode autonome peut donc bien être une stratégie viable pour Volvo et tous les autres fabricants (Mercedes, Honda, Tesla) qui fourniront des véhicules aux modes de conduite autonomes. Cette tendance, si elle se vérifie et est mise en place par d'autres constructeurs, pourrait couper l'herbe sous le pied des compagnies d'assurance et apporter un nouveau souffle à l'industrie automobile qui reprend doucement son envol. En outre, des constructeurs automobiles pourraient utiliser cette approche pour ouvrir des flux de revenus supplémentaires dans le cadre d'une utilisation plus intensive (et donc risquée) des véhicules. On pense notamment au service de limousines autonomes que veut mettre en place Mercedes, ou encore à la flotte de véhicules autonomes qu'Uber souhaite déployer dans les prochaines années.

Enfin, une autre effet bénéfique (pour les constructeurs) de ce phénomène : les accidents sont plus susceptibles de se produire si les voitures ne sont pas bien entretenues. Par conséquent, les constructeurs automobiles pourraient renforcer leurs exigences en matière d'entretien et de révision, imposer des intervalles plus courts entre chaque visite et/ou exiger que le véhicule soit réparé dans un garage "certifié", appartenant au réseau du constructeur (ce qui éliminerait toute la concurrence des garages tiers et indépendants, souvent préférés pour leurs tarifs plus faibles).

En augmentant ainsi leurs revenus sur cette branche entretien, les constructeurs automobiles pourraient sans difficulté assumer le coût de cette responsabilité.

En résumé, la décision de Volvo d'assumer la totale responsabilité en cas d'accident pourrait accroître leurs revenus, et leur permettrait de s'adjuger une partie des recettes des compagnies d'assurances et des garages indépendants.

Source: Driverless-future


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